Édito 2024 par Julie Berthon
Édito 2023 par Julie Berthon
Barjac M’en Chante 2023 sera !
Barjac et la chanson : une longue histoire.
Au fil des années, ce lien n’a cessé de se consolider, animé par l’infatigable envie de faire se rencontrer un public passionné et des artistes passionnants. Alors que la folie des grandeurs sévit dans bon nombre de manifestations culturelles, le festival gardois lui, n’a jamais quitté sa ligne, préférant défendre un événement à taille humaine. Et on ne saurait que trop lui donner raison aujourd’hui car – les crises successives que nous traversons nous le prouvent bien – il est désormais vital d’inverser la courbe de croissance et de mettre fin à cette course effrénée vers la démesure.
Le festival a également su garder son identité, restant attaché à un certain « caractère » de la chanson, exigeante et engagée, tout en s’ouvrant petit à petit à de nouvelles esthétiques. Il s’est obstiné à défendre les singularités artistiques faisant face aux aboiements toujours plus bruyants des majors qui tentent de lisser et de standardiser la scène chanson.
Barjac M’en Chante est ainsi devenu un lieu incontournable de la chanson, une référence bien au-delà de ses frontières cévenoles, et rayonne aujourd’hui à l’échelle nationale mais aussi sur une large partie des territoires francophones.
Mais ne nous y trompons pas, l’équilibre reste fragile.
À l’heure où l’ensemble du monde culturel doute et se questionne, la chanson n’est pas épargnée : le développement des artistes qui tentent d’inscrire leur travail dans la durée se durcit, les espaces de diffusion qui leur sont réservés se réduisent, les conditions d’accueil s’amenuisent. Dans le même temps les dotations diminuent, plongeant certaines manifestations frangines dans de grandes difficultés quand elles ont encore la chance d’exister.
Dans ce contexte difficile, je mesure ma chance de pouvoir continuer à tenir une ligne artistique hors des sentiers battus sans jamais céder à la logique marchande. Aussi longtemps que possible, il faut poursuivre avec ardeur et conviction ce chemin de crête.
C’est en m’appuyant sur ces fondations solides, sans en changer ni le format ni l’esprit, que j’ai bâti cette nouvelle édition. J’y ai simplement apporté ma sensibilité, la parsemant par petites touches de nouvelles couleurs, mêlant les générations et les styles.En invitant des artistes éclectiques, en s’ouvrant à toute la créativité qu’ils nous offrent, en restant curieux, nous continuerons à faire de Barjac un haut lieu d’expression, de liberté et de partage.
2023 sera résolument une édition « qui garde l’esprit»
2023 sera assurément une édition « de la curiosité»
2023 sera indéniablement une édition « passerelle ».
Je remercie celles et ceux qui m’ont donné leur confiance pour continuer à écrire l’histoire de ce beau festival ; sans oublier celles et ceux m’ayant permis, il y a plus de 20 ans, de poser pour la première fois les pieds sur ces magnifiques terres gardoises.
Je remercie la mairie de Barjac pour son soutien sans faille, les collectivités territoriales, l’ensemble de nos partenaires et mécènes.
Enfin, je salue chaleureusement l’engagement de la formidable équipe de Chant Libre, qui a su rassembler ses forces et ses compétences pour organiser nos retrouvailles et nous permettre une nouvelle fois de fêter la chanson sous la voûte étoilée du ciel Barjacois !
Nous espérons que vous trouverez dans cette édition 2023 de quoi satisfaire votre gourmandise !
Bon festival à toutes et à tous !
Julie Berthon
Directrice artistique
Édito de 2022 par Jean-Claude Barens
Retour à la normale ? Pas si simple …
Dans la stratosphère chantante et sa myriade de constellations, nous avons observé bon nombre d’étoiles filantes qui à peine identifiées étaient déjà mises sur orbite. Destins aléatoires dans le ciel nocturne où la loi de la gravitation est le plus souvent imposée par des gens affairés et avides de rendements immédiats. Celles et ceux que nous avons eu envie de réunir pour composer l’affiche de cette édition ont en commun d’avoir inscrit leur travail dans la durée, souvent loin de la lumière, en sachant parfaitement que la mécanique du succès n’a pas toujours à voir avec l’évidence du talent.
Vous retrouverez ici ce que nous défendons inlassablement : les espaces ouverts aux débuts de parcours, les scènes partagées, la programmation jeune public qui ne demande qu’à se déployer, les rencontres, les scènes ouvertes, les conférences, les échanges…et quelques surprises que la lecture de ce copieux menu vous révélera.
Mais l’inquiétude est pesante. Le soi-disant retour à la normale, est loin de l’être. La pandémie a fait des dégâts considérables à tous les étages : des fréquentations en berne, des équilibres économiques fragilisés voire précarisés, des compagnies qui ont baissé définitivement le rideau, des festivals rayés de la carte, des salles qui ont fermé, des artistes qui ont perdu leur statut d’intermittents et qui ont dû changer de métier, même chose pour bon nombre de techniciens. Alors oui, c’est véritablement un choix de société que d’avoir des artistes qui puissent vivre de leur art et exister en dehors d’un champ médiatique tout-puissant et d’une marchandisation culturelle étouffante. Une nation sans culture vivante est une nation qui n’a plus rien à dire au monde, et qui mourra inévitablement.
La machine néo-libérale ne fonctionne pas seulement avec des concepts, elle utilise une palette d’instruments pour infuser patiemment dans la tête des citoyens. Netflix prend plus de place que la réflexion pour un net fixe. Les chaines d’infos postillonnent leur doxa Bolloré compatible, leur tyrannie du chiffre, et leurs chapelets d’images terrifiantes. Certaines radios s’auto-congratulent, en découvrant leur audience bâtie au détriment de leur mission de service public.
Comment prendre alors le temps de cheminer tout en mesurant l’urgence, de trouver les espaces pour faire ouvrir les yeux, s’indigner et résister. N’en déplaise aux faiseurs de rois, sondeurs et autres proctologues de l’opinion, il existe bien une place pour un nouvel essor de la parole, pour que se déplient les mots jusqu’à ce qu’ils libèrent leur puissance de déflagration. Pour favoriser l’écriture au stylo habile, sucrer les phrases, débrider, délier, assembler. Pour donner de la place aux impénitents impertinents, aux troubadours libertaires, aux pierrots lunaires déjantés, aux amoureux qui se roulent dans les blés en verbe. Nous allons en avoir tellement besoin !
Nous espérons que vous trouverez à travers ce festival un souffle, une énergie, une vitalité, que nous voulons vous faire partager.
Je vais donc me retirer sereinement, et je sais que Julie Berthon apportera un regard nouveau et enthousiaste. J’en suis même certain !
Bon festival à toutes et à tous,
Jean-Claude Barens
Directeur artistique
(Crédit photo Chantal-Bouhanna).
Édito de 2021 par Jean-Claude Barens
Une certaine idée de la chanson.
Je pourrai disserter longuement sur l’épisode que nous venons de vivre, mais aujourd’hui, aux masques et autres injonctions contestables, préférons la plume, pour que l’histoire continue de s’écrire. Nous faisons le constat lucide que les métamorphoses de la chanson sous l’effet des évolutions technologiques et de la mondialisation, sont évidentes. Historiquement lié à la poésie, le texte de la chanson française est aujourd’hui devenu accessoire. Nous sommes passés d’une chanson poétique ou à texte, … à une chanson où les paroles ne font que participer au climat musical. On survole beaucoup sans jamais vraiment se poser.
Les artistes qui pratiquent encore cette chanson de paroles existent toujours.
Simplement, ils ne sont pas exposés, n’ont plus aucune visibilité, et n’intéressent plus les faiseurs d’opinions.
Mais cette foisonnante diversité culturelle qui croît en dehors du système bâti sur la marchandisation, est une richesse inestimable, dont la prise en compte doit être plus que jamais une préoccupation majeure. Une réappropriation citoyenne et sociale est nécessaire. Barjac m’en chante à la volonté de contribuer modestement à donner un peu d’oxygène à celles et ceux qui dessinent les marges de la chanson, à ces fêlés qui laissent passer la lumière. Mais il faut veiller de ne pas en faire un sanctuaire, un lieu de repli. Bien au contraire, il est nécessaire d’associer sous le même toit familial, des artistes qui ont des parcours divers, des points communs pas forcément visibles au premier coup d’œil. De faire des différences, une force. La chanson ne saurait être monochrome .Pour cette nouvelle édition, elle apparaitra riche de ses multiples parures : convoquant La Fontaine, célébrant les épousailles du slam et du piano, officialisant sa liaison avec la radio, se laissant habiller par une viole de gambe ou une harpe, nous faisant pénétrer dans l’univers d’une chansigneuse, nous offrant les mots goûteux de Brassens, Perret ou Ricet-Barrier, nous conduisant quelques instants auprès de Piaf,Fréhel et Damia tout en nous servant tous les jours une bonne rasade de vers d’Aragon et de Ferrat .Et sur chacun des sites, tant d’autres propositions vous seront faites. Vous y retrouverez des auteurs qui suent la syntaxe, qui s’appliquent à ce que les mots ne sonnent jamais creux, même si parfois ils osent passer sans honte de la profondeur à un peu plus de légèreté. Cette année, sur les 35 artistes présents, 28 seront à Barjac pour la première fois.
Nous ne sommes pas numérisables, nous voulons simplement nous sentir vivants !
Bon festival à la découverte de tous ces univers !
Jean-Claude BARENS
Édito de 2019 par Jean-Claude Barens
Cela va faire 25 éditions que le village de Barjac, à travers différents noms de son festival, propose une chanson exigeante et militante.
J’ai eu la chance d’arriver dans une maison où les fondations étaient solides, les murs patiemment montés par des maçons sensibles et exigeants, le toit bien charpenté. Egalement bâtisseur dans l’âme, je ne pouvais apporter ma pierre à l’édifice, qu’en réalisant quelques aménagements plus conformes à ma façon d’habiter le nouvel espace qui se présentait à moi. Des cloisons ont été supprimées, et la création de nouvelles ouvertures a permis une circulation de courants d’airs frais.
Plus de 25 ans dans le rétroviseur, c’est quelques rides supplémentaires en travers de la gueule, c’est quelques petits bourrelets qui se sont installés avec une incroyable perfidie, c'est quelques pelotes de nostalgie qui se nichent au fond du ventre et qu'il convient d'éviter de laisser proliférer sous peine d'appartenance définitive au passé. Il est bien connu que les mots s'envolent et que les aigris restent.
L’édition 2019 sera celle de l’enracinement. Le format voulu est en place, et c’est à nous de faire le nécessaire pour le voir prendre ses aises, vous devenir familier et vous conduire à une réelle appropriation. Cet ensemencement culturel est essentiel, loin de tout saupoudrage et gesticulation de surface, quand souvent sur l’océan des paroles, seule flotte la langue de bois. Ici les chansons comme les cultures doivent se frotter sans friction et les langues de la Terre s'exprimer sans crainte.
Pendant six jours, par mots et par voix, vous entendrez des vers habillés de leur parure mélodique.
Moins de son et plus de sens, loin des mangeoires à images. Vous rencontrerez en chemin, Pierrots lunaires déjantés, ébénistes du verbe ou impénitents impertinents. Mais c’est sur les duetti que nous avons voulu faire un focus. Vous en retrouverez une quinzaine tout au long du festival. Duos sur scène et dans la vie, duos de circonstance, duos éphémères ….le duo laisse une trace, l’empreinte de deux artistes aux tempéraments bien trempés, parfois même opposés et qui pourtant se rejoignent dans une même image.
Du chuchotement à la démesure, longtemps, longtemps après que les poètes aient disparu, les chansons courent encore dans les rues.
Bon Festival !
Jean-Claude Barens
Directeur artistique
Édito de 2018 par Jean-Claude Barens
En densifiant l’offre artistique et en lui donnant toute sa diversité, en laissant une place prépondérante au croisement des générations, en favorisant l’accessibilité à tous les publics,en sensibilisant les enfants, en renforçant les solidarités à l’échelle locale, en plaçant des spectacles au cœur des lieux de vie ,en soignant l’accueil au quotidien, c’est toute l’équipe bénévole de l’association Chant Libre qui donne au festival sa nouvelle couleur et son identité. Selon les dires des professionnels, il se pose aujourd’hui comme un haut lieu de la chanson. Militant, attirant, original et cohérent, il est l’occasion de découvertes, d’échanges et d’apprentissages pour le spectateur, car l’avenir des festivals appartient incontestablement au principal concerné : le public. Mais la vigilance reste de mise. Les métiers artistiques ont en partage la précarité, dans une période où le vent mauvais d’une doxa libérale prégnante et la tentation de la tyrannie du chiffre, balayent violemment quantité de manifestations culturelles. Avoir des artistes qui puissent vivre de leur art et exister en dehors d’un champ médiatique tout-puissant et d’une marchandisation étouffante, est un combat de tous les jours.
Restons mobilisés et vigilants pour construire ensemble ce bien commun, continuer à offrir du rêve, ouvrir l’imagination et l’esprit critique, échapper un peu à l’aridité économico-administrative.
Et puis, nourrissons- nous de cette chanson qui vient reboutonner les mémoires les plus écorchées, nous soulever un peu du sol, faire bouillir quelques gros grumeaux de nostalgie, nous surprendre, toujours en équilibre sur ce fil de la vie tendu entre hier et aujourd’hui.
Bon festival !
Jean-Claude Barens
Édito de 2017 par Jean-Claude Barens
Barjac m’en chante va continuer à creuser son sillon, en écoutant pousser les petites graines semées et en se réjouissant de voir poindre les premiers bourgeons. Tout en accrochant quelques nouveautés à sa boutonnière, le Festival provoquera des connexions inattendues, des rendez-vous, des croisements, créera du lien lors de soirées qui vous raconteront une histoire, tout en prenant mieux en compte une dimension poétique.
C’est dans la diversité de la langue française et dans sa capacité à se réinventer que nous poursuivrons ce chemin. Un voyage dans l’univers de ces mots qui se transforment, s’enrichissent, jouent, avant de faire montre d’une grande facilité pour coudre hier à aujourd’hui, dénoncer les injustices, blâmer les puissants, célébrer l’humanisme, se gorger d’amour et finalement prendre voix, portés par une mélodie légère ou des rythmes charnus. Nous affirmons haut et fort que la culture est un bien public et que même s’il existe des îlots de résistance, la menace est sournoise. Tous les hors-circuits seraient-ils condamnés à la précarité et à la mise à l’écart ?
Barjac m’en chante trouve son identité au cœur de cette problématique et dans la perspective enthousiasmante de rencontres humaines, autour d’une chanson que nous voulons tous sentir, debout et vivante.
Jean-Claude Barens
Édito de 2016 par Jean-Claude Barens
Au fil des ans, Chansons de parole a su poser son empreinte dans le paysage des Festivals nationaux consacrés à la chanson. Rendez-vous singulier, passionnel, où un public paccouru de tout le pays, vient à la rencontre d’une programmation qualitative, tout en plongeant dans une ambiance conviviale qu’a su instaurer l’équipe de bénévoles
de l’association Chant Libre, porteuse du projet et clé de voûte de toute cette organisation.
Rebaptisé Barjac m’en chante à l’automne 2015, l’association Chant Libre a fait le choix de m’en confier la direction artistique. J’en suis fier et c’est donc un visage un peu plus ouvert que j’ai souhaité dessiner, en déployant un nouveau projet artistique mêlant la continuité à quelques nouveautés qui trouveront progressivement leur place.
Je n’ai donc rien révolutionné. Simplement apporté ma patte, ma vision, mon expérience. Avec la volonté de mettre en lumière avec encore plus d’enthousiasme, une chanson que je qualifiais il y a quelques années de Chanson d’art et d’essai.
Une chanson de parole, de caractère, de texte, de mots ciselés. Une chanson porteuse de sens, d’humanisme, de résistance, d’amour, d’espoir et de partage. Une chanson mêlant les générations. Vous allez la croiser durant tout le Festival, au détour d’une rue, dans une cour d’école, sous un chapiteau ou dans la cour du château.
Je vous souhaite de tout cœur de l’aimer, elle vous le rendra bien !
Jean-Claude Barens